BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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177 - LA RECOLTE MIRACULEUSE

Ah ! Madame, si vous saviez combien je vous ai tant cherchée, espérée, sentie et admirée ! Si vous saviez mes espérances, mes réussites et mes échecs grâce et à cause de vous ! Si vous saviez enfin les embellies, les courages, les déterminations que vous m'avez apportés. Sans vous j'aurais traversé ma vie sans même m'être rendu compte que votre absence m'eût été fatale. Vous avez été, et par bonheur vous l'êtes encore, l'espoir que tout n'est pas si laid, que tout peut s'arranger, que rien n'est définitif car à vous seule vous êtes la vie.

Et la mort de se taper le ventre en féminisant son nom.

Je l'ai tellement dit, raconté mais je ne peux m'empêcher de revoir le gosse que j'étais, planqué derrière des portants de vêtements dans une petite boutique de ma ville, qui vous écoutait, vous regardait, vous espionnait. Vous parliez entre vous sans vous méfier des oreilles de ce blondinet qui était en veille, vous parliez de tout et d'abord des hommes, vos hommes, maris, frères, pères et même amants.

Je savais déjà ce que ce mot voulait dire.

Parfois vous me faisiez un cadeau en soulevant votre robe pour rajuster une jarretière et moi, les yeux éperdus qui lisais Tintin et découvrais ainsi un autre temple bien plus mystérieux que le Temple du soleil.

Et puis plus tard, oh quelques années plus tard à peine dans l'adolescence, tant je n'ai cessé de vous découvrir tout môme, j'ai rencontré la courbure d'un sein, le baiser frais et timide des jeunes filles, les rires qui cachaient les rougeurs émotives et vos premières fuites afin de vous faire espérer un peu plus longtemps encore. Combien ai-je pu aimer alors votre recherche qui n'était pas du temps perdu mais une réelle montée au ciel dans vos "un, deux, trois" aux humeurs sautillantes.

Et c'est alors enfin, plus homme, que j'ai découvert votre mosaïque et que je me suis lancé, à corps et âme perdus, dans la quête de votre Graal.

Oh ! Ne pensez pas à une quelconque image sensuelle même si cette dernière ne m'a jamais quitté, mais je veux parler de votre intelligence, de votre imagination, de vos réalités, de vos contradictions radicales, de votre détermination liée parfois à certains abandons ultimes, enfin quoi je veux dire de votre mystère quand vous pleurez de rire ou souriez à travers vos larmes. Ce mystère aux clés multiples et que je collectionne, pauvre utopiste, comme les Danaïdes qui ne cessèrent jamais le même geste…

Vous êtes un patchwork de mots, une palette aux couleurs uniques, un concert de fragrances enivrantes mais surtout, surtout un cerveau si profond que lorsque je remonte le fil de vos pensées, de vos espoirs ou de vos attentes et que dans mes mains j'ai pu recueillir quelques dons que vous avez  bien voulu me céder, quelques confidences murmurées ou simplement un sourire, je suis le Prince du monde, toujours étonné de votre nouveauté sans cesse renouvelée.

Vous êtes créatrice, fondatrice mais d'abord et avant tout vous êtes vous-même malgré vos ensorcellements, vos grigris, vos talismans et autres philtres d'amour et de déraison.

Voilà le mot est venu, naturellement venu, comme une évidence... déraison, parce que, n'est-ce pas, vous savez si bien, avec tant de jubilation, être déraisonnable.

Et j'aime savez-vous, j'aime  celles qui savent l'être sans jamais perdre un fragment, une once, un zeste ou un soupçon de lucidité.

Je vous devine ainsi, Madame, la tête ailleurs mais le corps ici, partagée, divisée mais au fond tellement unique.

C'est aussi ce que je vis depuis, qu'enfant, une fée qui n'est pas Carabosse est venue percuter ma conscience, et cette fée c'est vous, vous Ma Dame d'atours et de détours.



01/10/2018
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