BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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151 - ARMAGUEDON

J'ai la peau de l'âme trop sensible pour marcher pieds nus...

 

Je veux dire par là que je réagis très fortement, mes intuitions me percutent, et  l'empathie que souvent je porte en moi me laisse parfois écorché par des comportements que je qualifierais d'inadéquats.

Ecorché et blessé.

Alors, quand je me balade à l'extérieur de mon monde, quand, de guerre lasse et parce que je suis un terrien, je décide de jauger de l'évolution des choses, j'endosse mon sur-point, revêt mon armure, hisse mon heaume sur ma tête, enfile mes gantelets et accroche ma rapière dont je ne me servirais probablement jamais.

C'est ainsi n'est-ce pas qu'un chevalier se préparait au combat ?

Oui je sais, chevalier est un mot désuet, un mot oublié, presque une hérésie dans cet univers glauque. Mais je suis ainsi et ne me referai pas, vivant et respirant dans un monde éduqué, poli, instruit et humaniste.

Le problème vient justement de ces valeurs qui deviennent de plus en plus objet d'ironie, de moquerie voire de faiblesse.

 

Quand je vais sur les réseaux dits "sociaux" qui ne sont en fait que règlements de comptes, quand je déambule dans les rues, les commerces ou, par bravade, dans "certains" quartiers, je suis atterré des haines croisées que je trouve, inquiet des égoïsmes permanents et ravagé par cet obscurantisme qui fait que tout s'effondre, tout se délite pour laisser la place au monde des rats et des égouts.

Lorsque j'étais adolescent j'avais vu un film - je ne sais plus lequel - où le peuple sous-terrain prenait le pouvoir et renversait les valeurs du monde.

Je le vis aujourd'hui.

Tout est à la baisse, plus rien ne nous rehausse, jusqu'à certaines œuvres que l'on appelle "art" et qui n'expriment que la vulgarité et l'ordinaire, jusqu'à la main mise de petits groupes d'hommes et de femmes parvenus qui s'entendent parfaitement pour maintenir le "peuple" en vie, juste en vie, jusqu'au délitement des langues, des sentiments, des élégances, jusqu'à l'uniformisation des normes, réglementations, obligations.

A mort Voltaire, à mort Baudelaire, à mort Tolstoï, à mort l'intelligence, les rats envahissent Paris et gangrènent nos valeurs que nous croyions immuables et qui s'affaissent, une à une, dans une indifférence cradingue.

 

Alors je sais, on va dire que je broie du noir, que j'exagère, pire même que j'ai fait mon temps.

Peut-être.

Mais voyez-vous j'ai l'âme trop sensible pour marcher comme lorsque j'étais gosse, c'est à dire pieds nus pour bien sentir cette putain de planète terre qui, lorsque je me baladais, voyait  les papillons s'envoler devant mes yeux écarquillés.

Aujourd'hui les papillons s'étiolent, des espèces entières meurent, les terres reculent, les glaciers s'écroulent et des meutes barbares à la religion meurtrière se déversent comme des fleuves qui ne trouvent plus la mer.

"Jusqu'ici tout va bien" dit le bonhomme qui s'est jeté du dernier étage, oui tout va bien...

Mais n'avez-vous pas le sentiment - je parle aux humanistes, aux femmes et hommes qui me lisent et qui, de ce fait, peuvent comprendre ce que je ressens qu'un avachissement est en route ? Que dis-je en route, fou que je suis, qu'il est là, présent et qu'il broie avec toute la science des irresponsables ce en quoi nous avons toujours grandi et cru ? Notre mémoire ne nous sert-elle à rien ? Nos "anciens" étaient-ils tous si cons que du passé ont en fait une telle table rase ?

Même l'amour est galvaudé, même les sentiments sont éphémères...

Ah que n'ai-je vécu au temps de Ronsard ou d'autres de la Pléiade, au moins aurais-je eu devant moi des siècles avant que tout s'achève...



01/02/2018
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