BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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152 - IL N'YA PAS D'AMOUR HEUREUX

" Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure...... il n'y a pas d'amour heureux" chantait Brassens, gorille romantique, d'après un poème d'Aragon.

 

Je revois ma mère le fredonner et, dès mon plus jeune âge, j'ai été marqué par ces mots définitifs et ses yeux perdus, loin, bien loin de moi...

Par la suite j'ai vécu ma vie d'homme avec ses lignes droites et avec ses courbes, j'ai sinué dans l'existence et j'ai toujours été en veille sur ce moment où l'amour, même absolu, même grandiose venait à se casser la figure parce que l'un, parce que l'autre, parce que l'érosion use tout, détruit tout et que les fleuves qui vont à la mer ont tous, tous des affluents, des réseaux secondaires, des retenues mais aussi parce que les torrents impétueux et rieurs qu'ils étaient à leurs débuts se transforment en forces tranquilles dont certaines alimentent des marécages aux bords de leurs rives balisées.

Je n'ai cessé de chercher le pourquoi du comment, je n'ai cessé, à chaque histoire que l'on me racontait, de remonter le courant, pour comprendre le moment où tout avait basculé.

Peut-être d'ailleurs devrais-je dire "les moments" car le feu ne s'éteint jamais sans quelques étincelles qui le prolongent encore...

 

Et c'est toujours la même histoire que l'on retrouve chez Dante, Pétrarque, Abélard, les Dieux grecs et les poètes maudits, l'histoire universelle de la rencontre d'un homme et d'une femme, mais plus largement de deux êtres, qui croient que les rêves de l'un s'emboîteront dans les rêves de l'autre, comme si chacun avait trouvé son "alter ego" dès la naissance du jour, comme si les aimants du moment seraient les aimants de toujours, comme si, enfin, le livre n'avait qu'une page que l'on lirait et relirait sans cesse...

On en revient toujours au même constat, la femme est multiforme quand l'homme est uniforme. Je veux dire par là que la femme est à la recherche de découvertes sans cesse renouvelées, dans l'espoir d'étonnements, de surprises quand l'homme ne cherche que l'or (ou la Laure de Pétrarque) et, une fois qu'il l'a trouvé, ne recherche plus rien, calmé jusqu'à la fin des temps.

Mais le temps justement est l'ennemi de l'homme qui s'assoupit, tranquille, dans la quiétude des habitudes.

Alors oui, dans ce cas-là, il n'y a pas d'amour heureux puisque ce qui devait être unique devient tristement commun.

 

Et puis il y a les autres, ceux dont j'ai parlé ici quelques fois, ces couples "recomposés" qui, forts de leurs blessures et donc de leurs cicatrices, n'imaginent pas mourir sans avoir aimé une dernière fois.

Il faut du courage je crois pour se lancer une nouvelle fois dans l'aventure. Du courage ou alors la certitude que, s'étant fourvoyés une première fois, ils ne recommenceront pas tout à fait pareil...

Je suis à chaque fois étonné de voir la tolérance qui les entoure, mais aussi la liberté d'esprit qui en découle comme si, enfermés une première fois ils laissaient toujours, et tout le temps, les portes ouvertes pour ne plus avoir de contraintes.

Cela devient alors des amours heureux.

 

Enfin, je crois, il y a les amours de jeunesse, ces amours si grands qu'ils peuvent aller au ciel. Le passé devient ciment, les rides deviennent belles et la femme en vieillissant, et l'homme en vieillissant ne se voient pas vieillir, mieux même ils rajeunissent. Mais ça voyez-vous c'est dans les contes de fées.

Et moi, croyez-le ou pas, j'ai toujours cru non seulement aux fées mais aussi aux farfadets...

Ah l'amour !

Oui l'amour et sa recherche, sa découverte, son espoir !

L'amour et son ultime pied de nez, quand il arrive et qu'on ne l'attend plus.

 

 



07/02/2018
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