BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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133 - MON AU-DELA....

Un jour, je vivrai le dernier jour.

Je baisserai le rideau, fermerai ma porte, ferai un dernier voyage à l'intérieur de moi-même avant de clore cet espace temps qu'aura été ma vie.

Je n'aurai point d'amertume, point de peine, quelques regrets bien sûr mais aussi  un formidable espoir chevillé au corps depuis bien longtemps déjà, celui de vous voir sans plus jamais être vu.

Je deviendrai invisible.

Je deviendrai esprit, esprit tourbillonnant et folâtre, amoureux et malicieux, enfin quoi ce genre de signe que certains ont parfois ressenti quand ils se sentaient bien seuls.

Un jour mes paupières se fermeront sur mon regard étonné et mes yeux tournés vers l'intérieur revivront les images fortes et puissantes de mes moments de grâce, ces instants suspendus et néanmoins fragiles qui ont fait ce que je suis et sans lesquels j'aurais été tout autre.

Un bout désolé de terre africaine, un océan d'encre en Amérique centrale, une femme élégante dans un musée de Vienne, une nuit d'étoiles dans un port de Suède, une église perdue en Sicile et tant d'autres lieux, rencontres et chemins de traverses que ma vie, de route bien tracée  est devenue sentiers que j'ai parcourus jusqu'au bon plaisir de me perdre.

Et puis il y a ma montagne, mon Ventoux, ma seule certitude, parce qu'il sera là, toujours, jusqu'à ce que la terre ne s'effondre.

Et puis, plus intime encore, plus secret, des êtres croisés ici ou là, dans des anciens bassins miniers ou des maisons de Patriciens.

J'aurais été fleur, j'aurais été ortie mais j'aurais été, jusqu'au plus profond de mon âme, découvreur de choses rares, des bijoux d'existence, des respirations dans mes essoufflements ardents, des pierres solitaires, accrochant mon  coeur  à la gorge des femmes mais aussi, et dans un autre domaine, de quelques rares hommes courageux et intrépides.

L'éternité se gagne dans la façon de mener sa vie.

Oui, un jour, je vivrai le dernier jour, sans connaître ce jour qui se trouve quelque part dans l'agenda du temps.

Oh ! Je sais, je sais les condoléances et les pleurs, je sais la musique et la fosse mais ce ne sera plus mon affaire car auparavant j'aurai dit une nouvelle fois "je t'aime" à ceux que j'ai aimés. J'aurai pris contre moi les douleurs de ceux qui restent pour les soulager et les rendre confiants, je poserai dans leurs yeux des images de bonheur pour qu'ils brillent plus forts que des cierges fumants. Ils sentiront passer en eux toute la fougue de vie qui m'aura accompagné jusqu'à cette ultime étape et redresseront la tête pour me chercher encore dans l'air qui les entoure.

Ils sentiront alors comme un parfum qu'ils connaissent bien parce que seules les odeurs restent immortelles.

Je deviendrai enfin ce que vous voudrez, ange peut-être ou plutôt démon, mais ne doutez pas d'une chose je serai encore là m'essayant à d'autres subtilités, d'autres finesses et d'autres élégances.

Je guiderai mon âme comme j'aurai guidé ma vie.

Elle préfèrera toujours des chemins de découvertes, escarpés et élevés, mais ô combien plus riches de belles et bonnes surprises aux mornes autoroutes de l'ennui.

Et, si par aventure vous souhaitiez me retrouver votre jour venu, c'est là que je serai.

 



29/08/2017
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