BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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154 - DE L'AMOUR

Elle lui a dit "mon amour, mon amour".

Il lui a dit "je n'aimerai que toi".

Elle lui a dit "je veux un enfant de toi".

Il lui a répondu " un enfant qui te ressemble".....

 

Et puis la vie, putain de vie qui désagrège, vie d'usures, de compromissions, de mots tus, d'habitudes et de petites saloperies. Vie assassine qui broie les sentiments, vie de bidets et d'ablutions cachées, vie de fruits pourris au ver triomphant, vie de double vie et de forfaiture, vie devenue triste, morbide et loin, bien loin, si loin des rêves d'antan....

 

Les couples sont ainsi faits que la danse se désaccorde.

 

L'amour est une chose rare, je parle du "grand amour" qui n'arrive qu'une fois dans la vie, quand il arrive bien sûr. Alors on veut y croire, on fait tout pour que "l'autre" ressemble à ce que nous attendions, on le bombarde de qualité, on le pare de soleil, pire même on en vient à lui ressembler et l'on frémit à ses mots qui ne sont que séduction pour que la femme se couche ou que l'homme soit élégant.

J'ai tellement vu de voitures qui se croyaient de luxe finir en auto-tamponneuses.

Une amie me dit un jour "on devrait vivre à plusieurs et passer de l'un à l'autre parce que chacun a un peu de nous". En d'autres termes cela voulait dire que le puzzle de l'amour pourrait avoir plusieurs pièces qui, imbriquées les unes dans les autres, feraient l'achèvement final.

Je suis d'une autre époque et je persiste et signe. Si j'ai vécu l'année soixante-huit avec tout ce que cela veut dire de liberté sexuelle je n'ai jamais partagé cette théorie de l'amalgame, pensant que l'amour c'est un peu comme le feu avec le silex. Il faut des gestes répétés et une volonté féroce pour que la flamme se maintienne.

En d'autres termes l'amour ne se conforte que dans les actes et pas dans les mots.

Et c'est là le problème.

 

Il y a les promesses, il y a les chimères et si, toujours, tout est beau au début, les choses se dégonflent quand le temps fait son œuvre.

Aimer suppose le don, or, généralement, au bout de quelques années chacun se reprend et reprend donc  non seulement ses promesses mais aussi et surtout efface petit à petit les rêves que l'autre avait espérés et attendus.

Alors, comme on dit chez moi c'est la cagade.

Et la "cagade" c'est la fin.

Regardez autour de vous, regardez ces couples de parade qui jouent la pièce de théâtre....

 

Je suis un incorrigible romantique.

Et je sais que l'amour existe. Pas les amours n'est-ce pas, l'amour, celui qui change tout, ce pourquoi on sait que l'on est venu sur terre, ce petit grain de folie dont l'absence rend l'existence grise, ce tremblement perpétuel de l'âme, cette attirance inéluctable vers un autre.

Mais je sais aussi que cela se cultive, cela étête, cela se prouve à chaque instant, à chaque moment comme un tableau qui n'est jamais fini.

L'amour ? Ces instants répétés et répétés encore comme des gammes que l'on ferait sur le corps de l'autre pour que la partition soit parfaite.

Répétés et répétés encore pour que la musique soit plus forte que les ténèbres.

Répétés toujours pour que son fleuve ne se tarisse jamais.

Jamais. 

L'amour n'est pas éphémère, il se nourrit des jours d'amour.

Et, malheureusement, quand les jours en viennent à ressembler à tous ces jours anonymes, le livre se referme et prend alors sa place parmi d'autres dans la bibliothèque du temps perdu.

 

 

 



02/03/2018
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