BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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162 - LES PETITES FILLES

Elles regardent la vie avec étonnement et, dans leurs yeux écarquillés, l'intelligence et la finesse laissent deviner le bonheur des femmes de demain.

L'une a le regard noir sous l'ombre élégante de ses cheveux foncés quand l'autre, éclairée de bleu, ressemble à un champ de blé sous des étés de canicule.

Ce sont deux petites filles et, si l'une est à l'orée de son adolescence, l'autre est encore un bébé vieillissant . Mais chacune plonge dans les livres, la plus jeune "lisant dans sa tête" comme elle aime à le dire quand l'autre, plus grande, se balade toujours un bouquin dans les mains. Chacune à sa façon, murmure ses rêves et décline ses trésors dans cette maison de femmes où, justement, être une femme dans cet environnement hurlant c'est un peu comme si vous choisissiez  d'écouter Debussy plutôt que Wagner.

Et la mère, telle une louve, qui les pousse, les protège mais aussi leur apprend par touches successives qu'il y a des choses qui se font et d'autres qui ne se font pas.

Oh n'imaginez pas que tout cela croule sous le patchouli et le chinchilla, ce serait une erreur dans nos époques barbares, mais que voulez-vous quand une femme nait c'est un peu d'espérance qui arrive avec elle.

Aussi c'est un mélange d'anciens et de moderne, de trampoline et de patinage artistique, de hautes montagnes comme de bateaux qui surfent dans  des mers pas forcément catholiques, un peu de Princesse des neiges et de résultats scolaires avec le carnet de notes qui n'est jamais très loin de la tablette, ni même des rames de papiers pour des dessins aux jeunes couleurs.

 

Et leurs baisers alors quand elles jettent leurs bras ouverts ont des goûts de framboises.

 

Quand j'étais môme j'étais un "vrai" garçon, je veux dire que j'étais sans cesse en mouvements, batailleur, râleur, jouant aux cowboys et aux indiens et fricotant sans cesse avec les Pieds Nickelés. Mais, déjà, je regardais les filles comme des êtres à part, supérieurs en quelque sorte, car avec elles arrivait l'apaisement.

Alors quand je vois ces gamines qui parfois me font la leçon je ne peux m'empêcher de les imaginer plus tard, femmes, si femmes, si immensément femmes...Et pourtant tout chez moi voudrait les retenir sur les berges de l'enfance.

Mais voilà, la vie est ainsi faite que les jeunes s'empressent de s'en aller vieillir.

 

Je les regarde autant que je peux, je veux dire que je me tais et que je les admire. Elles évoluent dans leur monde sans trop jamais quitter le monde actuel, elles se parlent à elles-mêmes et dans leurs discours volés je découvre tant de vérités et tant de sincérités que je me sentirais trop pesant si je devais intervenir. Et, dans les comptines que j'entends, dans les dessins que je reçois, dans les odeurs d'embrassements quand, d'un coup, le besoin d'étreindre les prend, je sais que, même petite fille, la femme est source de tout.

Alors je m'en inspire et elles me portent, elles m'obligent, oui, elles m'obligent parce que, quelques fois voyez-vous, le bleu se terni et je sens l'hiver venir alors qu'il fait si beau dehors.

C'est le pouvoir des femmes n'est-ce pas, qu'elles soient bien jeunes ou qu'elles soient bien vieilles, de ne jamais se perdre en route même et surtout si la route a des lacets et qu'elle en devient rude.

Et moi, homme heureux parmi les hommes liés aux femmes de la vie, j'ai deux petites Pocahontas qui me font des ruses de sioux alors que le vieux Sachem que je suis n'en finit pas de s'interroger sur la fuite du temps qui lentement transforme les espérances passées en douces mélancolies.

 

 



17/05/2018
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