BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

165 - GALA

Je crois qu'ici, sur ces pages, ceux qui me lisent savent que parmi les icônes qui peuplent ma tête, j'aime Dali, son génie, ses fulgurances, ses rodomontades rocambolesques et bien sûr ses œuvres, peintes, sculptées, assemblées ou découpées.

Je suis subjugué par cette vitalité, ce besoin incessant de découvertes, ses trouvailles - canapé en bouche de femme, montres molles, éléphants aux pattes de girafes, mosaïques et contre-jours notamment- mais aussi cette obsession d'une femme parmi les femmes, une femme mal perçue parce que libre, une femme mal aimée parce qu'ayant trop aimé, je veux parler de Gala ou Galarina comme le susurrait Dali en la déshabillant dans le soleil couchant de leur maison de Cadaqués.

Dali aurait été Dali sans nul doute, trop de puissantes pulsions le poussaient mais Dali sans Gala c'est un ciel sans soleil, un océan sans vagues, un albatros sans ses îles antarctiques.

 

Gala et Dali c'est le feu qui rencontre le feu.

Alors tout brûle autour d'eux parce qu'eux-mêmes fusionnent, liquides mélangés, âmes assimilées, corps assemblés. Quand ils se rencontrent ils ne se quittent plus et, ne se quittant plus, perpétuent dans ce XXème siècle cette histoire de l'amour de deux êtres que  tout oppose et qui se fondent, un peu comme les alchimistes des temps plus anciens cherchaient à transformer le plomb en or.

De ce couple improbable jaillit la Mandragore et les fleurs qui en naquirent n'en finissent pas de m'émerveiller.

 

Gala est russe et malade, comme Eluard, la tuberculose fait des ravages avant la grande guerre et c'est donc dans un sanatorium qu'elle rencontre son premier mari. Il compose pour elle des vers à faire frémir et déjà, déjà, cette femme se transforme en muse. Ils s'aiment comme des gosses et comme des gosses font un gosse alors que partout en Europe le canon tonne et les hommes meurent.

Mais Gala est femme et Eluard reste enfant, illuminé par ses poèmes. Ils rencontrent Max Ernst, elle lui sert de modèle et devient sa maîtresse. Eluard aimant acceptera le fait et le couple alors se transformera ouvertement en trio audacieux.

Gala navigue portée par l'amour, aimant l'amour, vivant d'amour, enlevée par les bras de deux hommes hors du commun et intelligents.

Un jour Gala et Eluard sont invités à Cadaqués par Dali et là, que voulez-vous le choc est un séisme, Gala a trouvé son port.

Quand ils vont se baigner dans les calanques brûlantes du petit village de pêcheurs c'est pour y faire l'amour, mouillés des embruns salés au goût d'infini.

Eluard repart, Gala reste et se jette toute entière, âme et corps, dans la vie de son peintre de génie.

Ils se marièrent, n'eurent aucun enfant, leur enfant étant l'art qu'il créait pour la séduire un peu plus encore. Elle dès lors, percevant les capacités inouïes de son mari fantasque, le canalisa dans ses folies somptuaires, le protégea de ses boulimies sexuelles et géra ce qui plus tard deviendrait une immense fortune.

 

Je vais régulièrement dans son musée à Figuéres, je connais chaque salle, chaque tableau et chaque fois c'est une première fois.

L'amour est partout jusqu'aux poils pubiens de Gala, là au premier étage, jusqu'aux mains de cette femme au regard sévère, des main comme j'aime qui, croisées sous la poitrine laissent échapper un sein par l'échancrure d'un chemisier tendre, l'amour est envahissant jusqu'aux nus, jusqu'à cette Gala penchée à la fenêtre et qui se tend un peu plus pour faire jaillir ses reins. Et puis j'aime les "pains " de Dali, j'aime ses trompe-l'œil, ses fleurs sulfureuses, enfin quoi j'aime tout et je suis bon public !

Alors si vous passez en vacances dans ce beau coin d'Espagne ou si vous n'habitez pas trop loin, je vous conseille véritablement l'arrêt dans ce palais, parce que c'est un palais aux dômes dorés et aux gargouilles inventives.

Et puis surtout ne faites pas comme la plupart des touristes, n'y allez pas un jour de pluie faute de plage ou de farniente sur une place quelconque, non choisissez un grand soleil, une chaleur brutale, car c'est dans la lumière que se visite ce musée et c'est dans la chaleur que vous comprendrez les élans d'un homme pour une femme rare.



11/06/2018
9 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 48 autres membres