BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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199 - ELLE, ENCORE ELLE...

Cela fait longtemps, si longtemps que je voulais vous parler d'Elle !

Bien sûr Elle est présente dans presque chacune de mes notes, son ombre me suit toujours, son souffle m'inspire plus que tout mais je ne l'ai jamais détaillée, jamais présentée, gardant dans mon intime ce qui, à mes yeux, en fait ses attraits si secrets.

 

Elle ?

Mais c'est une femme, c'est vous, c'est aussi une mère, une fille, une qui a peur ou alors qui n'a pas froid aux yeux, une qui a trente ans ou presque soixante-dix ans, ou bien encore une qui va naître, une qui est partie dans l'adieu de ses rêves, une de la ville, de la forêt, une amante, une épouse, une qui est bouffée de solitude ou alors trop entourée enfin quoi, une robe courte sur un chemisier plaqué, un pantalon noir avec un pull de mémoire, une taille, un sourire, des yeux et... une tête.

Ah la tête !

Chez Elle tout part de là et tout revient là, la femme est cercle, roue, ronde et courbes, pentes glissantes et paroles acérées, silences dangereux et coups d'éclats gigantesques.

Elle tait ses migraines mais aussi ses tortures, sein et ventre parfois bouffés par un crabe affamé, quelques fois même les deux, Elle rit et pleure, Elle est aussi eau, eau miraculeuse, eau de source, eau divine qui embarque avec Elle toutes les saletés et les poussières, toutes les liqueurs violentes, Elle qui, souvent, très souvent ne réagit qu'à la douceur.

Elle est tout sauf un bloc uniforme, Elle est multiple, nuées, entrelacs de peinture, mosaïques fragmentées et sa recherche de douceur n'est entière que lorsque toutes ses anfractuosités sont comblées, ses sentes parcourues, ses pensées devinées. Alors arrive le bonheur qu'Elle seule sait apporter car lorsqu'une femme rit, soupire ou aime, c'est con à dire, mais le soleil est plus jaune, le ciel plus bleu et la vie soudain tellement, tellement plus belle !

Et ce bonheur est ma recherche du temps retrouvé.

 

Je me suis rendu compte très tôt, très jeune, que si j'avais des yeux c'était pour La voir, que La sentir m'apportait l'ivresse et que La toucher par l'esprit ou par le cœur c'était vivre intensément, au-delà des respirations automatiques… En réalité Elle m'intriguait, Elle accaparait mes pensées, c'était mon Rubik's Cube avant son invention avec une différence cependant, c'est qu'Elle était mille fois plus attirante toutes les couleurs mélangées plutôt qu'avec une seule uniforme, même scintillante.

Alors j'en ai fait mon Graal, ma conquête impossible et maintes fois je suis tombé de mon cheval, maintes fois j'ai pris des coups de lances, désarçonné, incrédule, étonné et maintes fois pourtant Elle est venue me relever, se penchant vers moi comme si Elle avait soif d'une eau différente, comme si, surprise de ma ténacité à la comprendre, Elle voulait me redonner une autre chance.

J'ai appris très vite une chose c'est que sa nudité est d'autant plus exceptionnelle qu'Elle vous ouvre son âme. C'est son cœur, son épicentre, là où naissent ses ruptures mais aussi ses pulsions de vie, là où, dans le creux de ses méandres, Elle se réfugie quand tout part de travers.

J'aime imaginer me balader avec Elle en forêt, sur le bord d'une plage ou simplement un chemin où nous serions seuls. Et là, je l'écouterais comme j'écoute les oiseaux, sans bruits, sans intervenir, ému par cette langue féminine dont je comprends enfin quelques rudiments.

J'aurais alors dans ma main quelques raisins noirs pour  étancher  sa soif  mais je sais aussi que, dans un sourire désarmant, Elle m'aurait probablement reprocher de ne pas avoir pris aussi quelques grains de blancs, ne serait-ce que pour la couleur aurait-elle lancé, mutine.

Et là j'aurais tout compris, oui, tout.

 

 



02/04/2019
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