BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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207 - LES FEMMES ASSASSINEES

Elles n'en parlent pas ou peu.

Elles vivent avec ça toute leur existence, pire, pour certaines cela n'a fait que bousiller leur vie.

Je voudrais témoigner ici sur ces femmes violées, forcées, obligées, qu'elles aient été célibataires ou mariées. Elles sont nombreuses, bien plus qu'on ne le croit, à avoir vécu un calvaire avec un "copain", un mari, voire dans l'odieux, un père.

Les écouter dans le silence, souvent dans les larmes, est un long chemin de croix pour elles, une sorte de fenêtre qu'elles ouvrent enfin pour respirer un peu mieux.

Un jour, parce que l'écoute est réelle, sans compassion doucereuse mais avec empathie, parce qu'elles ont "un peu plus" confiance, parce qu'il faut que ça sorte sinon elles s'enfermeraient davantage, elles vous jettent tout à la figure, forfaiture de l'homme "fort", du mâle et du mépris qu'ils ont vis à vis de celles qui sont devenues leurs "choses".

Et là, il ne faut pas les arrêter, au contraire même, il faut aller avec elles jusqu'au plus profond de l'odieux et remonter tout doucement à la surface, en plusieurs fois.

Comme un plongeur qui fait des paliers pour ne pas crever alors qu'il entrevoit la lumière.

 

C'est une prof de Fac un peu charpentée, habillée de sacs, je veux dire de vêtements informes, lâches, vastes, comme pour couvrir - recouvrir - le corps et le dissimuler. C'est une femme intellectuelle qui a l'air décidé et maîtresse de ses actes alors qu'elle n'est que boursouflures et saignements d'âme. Elles avance dans la vie à grands pas, on l'imagine lointaine, inaccessible, alors qu'elle ne  passe son temps qu'à se fuir. Elle est mélomane, se réfugie dans les livres, les arts, le sublime, le rare, comme si, s'élevant, elle s'éloignait un peu plus du sordide.

Un soir, enfin une fin de soirée quand elle avait vingt berges et qu'elle faisait ses études, elle fut violée dans les chiottes d'un bâtiment universitaire par deux "copains" de rencontre qui avaient un peu trop bu. Elle passa une partie de la nuit assise là, tétanisée, détruite. Au matin très tôt elle regagna sa chambre universitaire et s'enferma dans sa tête.

 

C'est une libraire au sourire craquant, à la parole facile, connaissant et aimant son métier. Là encore elle est souvent habillée à l'emporte-pièce, la chevelure en désordre avec un maquillage le plus réduit, un peu de crème pour la peau, pas de rouge à lèvres et rarement les yeux "faits" qu'elle a d'ailleurs très beaux. Elle cache derrière une activité débordante une timidité maladive, une réserve qui tient à distance avec, cependant, une aménité rare.

Son mari est présent dans la librairie, c'est l'homme à tout faire, gentil mais un peu transparent, un copain de jeunesse, retrouvé et épousé sur le tard.

On est dans une petite ville de montagne où les gens sont durs, peu causants et où tout se sait, volets fermés.

Un jour, un dimanche, alors que son mari aidait un de leurs enfants à déménager le loup est arrivé . Elle était assoupie sur sa terrasse, en petite tenue au soleil.

Le violeur - ami du mari et du couple - venait faire ses adieux, partant dans le nord. En réalité c'est elle qu'il voulait, s'imaginant parce qu'elle était libre dans ses propos et ses tenues, que tout était possible.

Jamais elle n'en parla à son mari, jamais.

Et ce qui la hante aujourd'hui, plus que le viol, c'est qu'elle le laissa faire pour que cela se termine plus vite.

 

Et puis cette femme, institutrice, belle comme le jour quand elle était jeune et qui cumule du surpoids aujourd'hui comme un bouclier. Son père veuf l'a tellement "aimée' que sa vie est devenue un enfer, surveillant chez les mômes de sa classe mais aussi d'ailleurs les signes avant coureurs de cette infamie.

Ou cette autre femme, effacée mais vivante, une miniature de beauté, femme "à la maison" comme on dit, et dans son cas bonne à tout faire jusques et y compris à subir les exigences sans partage du mari, viol domestique, viol silencieux, viol d'un oiseau mort...

 

Je vais arrêter là cette litanie, Dieu merci tous les hommes ne se comportent  pas ainsi, mais le mal est plus grave que ce que l'on croit, c'est un iceberg dont la pointe émerge et qui traine dans le fond tout un monde de femmes assassinées et muettes.

Comment peut-on agir ainsi quel que soit d'ailleurs l'être vivant dans la nature ? Abaisser la femme, user de principes archaïques et haineux, se comporter en reître est la négation de l'amour.

Pire c'est juste de la saloperie et de la lâcheté.

 

 

 



26/06/2019
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