BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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210 - " MES NUITS SONT PLUS BELLES QUE VOS JOURS"...

 

Ce titre est emprunté au titre d'un merveilleux roman de Raphaële Billetdoux

 

 

La nuit.

Une fumée bleue d'une cigarette blonde dans la lumière jaune d'une lampe de bureau avec les ombres grises des bibliothèques qui jouent aux quatre coins, étirant les tapis, adoucissant les formes et fuyant, plus loin dans les encoignures noires des massives poutres brunes.

Les tableaux sont discrets, les lithos aussi et sur une des tables là-bas je devine mon couple de vieux se tenant par la main, santons d'une autre époque, souvenirs d'un monde mort.

J'écris bien sûr et viens de faire une pause comme un athlète qui a trop fait des tours de pistes.

Sauf que moi c'est plutôt la tête qui voyage sans frontières.

La fenêtre est ouverte et les volets sont béants.

Lueurs lointaines et ocres de lampadaires paumés sous un ciel d'été qui n'en finit pas de trimballer ses milliards d'étoiles. Souvent, très souvent je m'interroge sur la profondeur de notre galaxie.

Mais aussi, et surtout, aux autres galaxies qui sont derrière, autour, partout et ces soleils multiples, et ces planètes multiples et inconnues et que je ne connaîtrai jamais.

Je me sens écrasé devant cet espace, que suis-je au fond dans ma pièce, à mon bureau, écrivant des mots chimériques ?

Combien me semblent petites les histoires du quotidien, les emballements et les reculs, les emportements et les platitudes !

Ma solitude me renforce c'est vrai mais elle m'éloigne tout autant.

Comme si, moi aussi j'avais fait le choix d'une orbite intemporelle et qui m'embarque ailleurs, là où, enfin, je trouverais mes doubles. Je veux dire mes semblables pétris d'une glaise qu'on ne fabrique plus  car obsolète et hors du temps.

 

Je viens de me lever et de changer de CD.

Oui c'est vrai, souvent la musique m'accompagne. Avec les livres c'est ma nourriture essentielle.

Bon de temps en temps quelques farcis ou bien des feuilletés aux cèpes et autres daubes parnassiennes viennent troubler mes agapes spirituelles, mais que voulez-vous je suis chair et esprit, et les plaisirs en sont différents.

Quoique….une saillie intelligente me nourrit pendant de longues et longues heures….

C'est Mozart bien sûr qui m'accompagne, après Sibelius et Pachelbel.

Mes yeux sont dans le vague, je me laisse envahir, les violons, hautbois et autres violoncelles me donnent le frisson et par moment, connaissant trop certaines partitions, je sifflote un brin avant qu'elles ne commencent.

Je suis bien, réellement bien.

Mes idées se remettent en place, mon canevas se prépare pour la suite de l'écriture et dans ma tête je laisse affluer les senteurs de toutes mes garrigues pour qu'un peu de traces restent d'elles au moment de les traduire sur mon écran.

Au fond écrire c'est comme traverser un océan inconnu, je suis Colomb, Magellan et quelques autres et ma "Santa Maria" est mon clavier dont les lettres sont les coquillages qui s'accrochent à mon bastingage...

Parfois parmi eux, rencontrant un Nautile, je m'aventure alors un peu plus dans le gouffre sans fond de mes pensées intimes

Et quelquefois, croyez-moi, je m'y perds.



04/09/2019
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