BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

40 - LE NOUVEAU MONDE

Je ne savais pas que j'avais eu cette chance.

Non, je ne le savais vraiment pas.

Je ne savais pas que, sans le savoir, j'avais vécu les dernières années d'un monde qui aujourd'hui est mort.

J'avais alors dix-sept ans, vingt ans peut-être puis tout a commencé à partir en quenouille alors que j'avais tout juste trente ans. Et c'est probablement pourquoi tous mes livres se situent dans cette période des années soixante et soixante-dix. Que voulez-vous, j'ai toujours eu le sentiment que je faisais partie d'un tout, et, à cette époque là, nous avions vraiment l'impression d'hériter de Rome, d'Alésia, de Bayard, de Voltaire ou de Leclerc - le général pas l'épicier même si ce dernier est plus célèbre maintenant que le premier.

Et aujourd'hui, si je suis ailleurs pour ne pas dire nulle part ce n'est certainement pas pour être là où l'on nous emmène.

Je vais une nouvelle fois choquer et faire bondir, peut-être même que certains vont se désabonner de ce blog trouvant que mes élucubrations ont une dérive malsaine car c'est bien ainsi n'est-ce pas que  l'ensemble de nos "politiques" présente la chose quand on ne marche pas dans les nouveaux clous du politiquement correct.

Et puis au fond tant mieux, restons entre nous et tentons de résister en nous démultipliant..... nous aussi ! Et si ce blog vous plait alors faites le connaître et venez nombreux.

 

Quand j'avais seize ou vingt ans je n'étais ni de droite ni de gauche et pour cause ma famille était bien partagée, grand-père communiste d'un côté et famille assez bourgeoise de l'autre j'ai toujours navigué entre les manifs pour Duclos (qui s'en souvient de celui-là ?) et les coins du feu de de Gaulle avec Michel Droit. Vous le voyez une enfance classique dans un monde un poil assoupi où le gâteau du dimanche venait conclure des repas qui traînaient en longueur. Mais un monde où "s'élever" n'était pas une tare, où l'on me disait "travaille mon gamin si tu veux être dans les premiers". Bon d'accord moi c'était les derniers qui m'attiraient mais enfin on ne balançait pas ce mot "égalitarisme" comme Dagobert son caleçon, c'est à dire à l'envers, l'égalité n'existant pas - beau, grand, petit, maigre, gros, intelligent...-  mais à l'image des spermatozoïdes peu d'élus pour le Graal.

Remarquez que même chez les spermatozoïdes c'est plus ce que c'était, mais où va-t-on se demande le pape en se grattant les couilles ? 

Cette société ringarde ( c'est pas moi qui le dis mais les bobos de gauche )  a tout de même sorti la pilule, l'IVG, la carte à puce, le monokini, les Beatles (je ne pouvais pas les louper ceux-là !) "On the road again", Beaubourg et j'en passe et des meilleures. On savait lire, si, si, on savait tous lire mais aussi compter, les trains arrivaient à l'heure, on pouvait fumer partout (aïe, aïe je vais me faire insulter), la vague était yéyé et n'avait seulement que la barbe qui était "rappeuse", Sagan avait sa Jaguar sans limitation de vitesse, le Concorde ne s'était pas encore cassé la gueule...

Vous en voulez encore ? Bon d'accord. On pouvait se balader partout car il n'y avait dans ce temps là qu'une cité dite interdite et c'était en Chine, pas dans nos banlieues, on touchait pas à la drogue (seuls les fils de riches pour se donner un genre se la jouaient fumette) mais on touchait aux filles qui, oh ! Bonheur, ne se recouvraient pas la tête. On parlait d'amour avant de faire l'amour et le romantisme présidait à chacun de nos baisers. On connaissait d'autant plus le langage des fleurs que nous savions en offrir parce que l'élégance, parce que la politesse, parce que c'est beau une femme quand on parcourt avec elle la carte du Tendre. Mais aujourd'hui qui connaît Madame de Scudéry ?

A force de vouloir "égaliser" l'inégalisable on en vient à faire une société d'eunuques de la cervelle (débrouillez-vous avec ça, moi je me comprends !).

Je lisais quelque part une chose qui m'a réjoui (réjouir, de mettre en joie CQFD), et là je vais dans le lourd. Il était écrit à peu près ceci " Une ancienne (!) indépendantiste à la Justice et une musulmane à l'Education Nationale c'est comme si on confiait ses enfants à un pédophile". Oups ! 

Oui, oups ! Oups mais moi j'ai connu Malraux au Ministère de la Culture. Chacun a les ministres qu'il peut et quand on a un président en scooter, casque et croissants chauds il ne faut pas s'étonner que se faisant prendre alors que les autres pratiquaient tout autant  c'est que ce type est vraiment con.

Remarquez tout a commencé avec le Dieu (de gauche) Mitterrand qui élargissant le regroupement familial décidé par l'amant de Madame Bokassa (mais si voyons, Giscard !) a permis à sa fille adultérine de venir habiter près de papa au frais et à l'œil du contribuable. Je veux dire par là qu'à partir de ces deux zèbres de Présidents la fonction a commencé à se casser la gueule même si j'accorde à l'ancien patron de la FGDS ( cherchez vous trouverez) une certaine prestance sur le tard, se rapprochant ainsi  plus du de Gaulle qu'il avait combattu que du Pétain dont il fut honoré.

Bon, vous me suivez ?

Alors dans ce "nouveau monde" qui n'attend plus La Fayette depuis longtemps où va-t-on ?

Vous connaissez Le Pen ? Ah ! Vous connaissez ! Grand bien vous fasse mais cette dame que je ne supporte pas - elle, ses idées et sa petite famille - est en train de se croire en vacances tant elle passe son temps à surfer sur la vague. Tout simplement parce qu'elle dit deux ou trois vérités simples, voire simplistes mais frappées au coin du bon sens, les banlieues, l'intégrisme, la perte de certaines valeurs... Evidemment, évidemment, évidemment.....Triste d'en arriver là non ?

Oui, triste quand je pense à Malraux (entre ici Jean Moulin...) quand je pense à de Gaulle ( toute ma vie je me suis fait une certaine idée de la France ) quand je pense à Pompidou (la France est veuve..) ou citant Eluard à propos de Gabrielle Russier  ( comprenne qui voudra..) je frémis devant cette classe politique misérable, engraissée et cynique.

C'est vrai, je ne savais pas que j'avais eu cette chance de vivre à cette époque où la culture n'était pas un luxe mais une nécessité, de participer à ces moments de vie qui, après tant et tant d'autres moments de vie, ont construit notre histoire issue du latin, issue du grec.

Notre histoire issue du latin et du grec ?

Non, trois fois rien, juste un truc qu'on apprenait avant, à l'école de la République.

 

 



01/06/2015
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