BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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45 - IMPRESSIONS DE FEMMES

J'ai toujours su que la femme avait quelque chose de plus que l'homme.

Oui,  je l'ai toujours su, tout gamin.

Sans au fond vraiment savoir quoi.

Je le devinais et cela me suffisait.

Juste une impression, une intuition, une sorte de second souffle de mon souffle de vie.

Ce jour là, accoudé à une fenêtre, calé entre une bouteille et trois magnifiques artichauts de Bretagne, j'avais en face de moi deux femmes étonnantes, surprises dans leur intimité et qui se régalaient d'un rosé glacé qui me faisait envie.

J'étais à Toulouse et bien sûr, à Toulouse comme ailleurs, quand deux amies se parlent elles se disent des choses sérieuses en riant ou, si vous préférez, elles badinent sérieusement.

C'est, si vous y réfléchissez, la seule façon de faire avancer les choses.

Elles étaient belles dans leurs différences.

L'une plus jeune que l'autre mais c'était justement la première qui me paraissait être le tuteur, l'Arbre de vie, enfin quoi le fourreau des débordements de la seconde.

La vie, les enfants, l'argent, la famille, tout le registre se déroulait dans la fraîcheur d'un vin qu'elles me firent partager.

Le soleil, le printemps, la chaleur agréable, l'alcool, le weekend qui s'annonçait enfin, tout aurait pu faire croire à une existence tranquille mais c'était sans imaginer qu'il pouvait y avoir, au croisement des mots, comme une opalescence dans ce miroir déformant.

Je sentais au détour des phrases des craquelures, des blessures, presque un rejet sous la douce ironie de l'échange.

Je devinais bien dans les gestes saccadés et mécaniques comme un désappointement, une colère rentrée, un grondement sourd.

Alors en les écoutant, en les regardant vivre, en les entendant raconter leurs histoires parallèles, je compris.

L'homme.

Les hommes.

Et leurs mufleries, leurs égoïsmes, leurs égocentrismes, leurs mamans. Ah ! les "mamans" !

L'homme et sa propension à penser "homme" avant de penser "elle".

Je les écoutais se débattre, combattre pour leurs gosses, tout cela en riant et en buvant du vin rosé.

Je devinais leurs engagements de tous les jours, du quotidien, du lendemain, enfin quoi je devinais la lutte au détriment des nuits douces qu'elles ne partageaient plus.

Je comprenais mal comment de telles femmes pouvaient rester ainsi seules alors qu'elles avaient tout pour être fracassées d'amour.

Et puis je sentais aussi qu'elles étaient fortes, qu'elles étaient bien plus fortes que ces mâles croisés et que, parce qu'elles étaient ainsi, elles regrettaient de ne pas avoir rencontré d'hommes à leur dimension.

Plus exactement à la dimension de leurs rêves, rêves d'êtres sûrs, protecteurs, romantiques, fous, fous de cette folie qui vous emporte et vous enivre bien plus qu'un rosé qui ne vous sauve que l'espace d'un instant. 

Car, chez elles, tout était là, simplement, dans  la douceur d'une journée de printemps, dans la fraîcheur d'un petit vin glacé et dans les sourires de ces femmes belles.

Et, voyez-vous, la différence entre elles et nous les mecs, c'est que le vin était bon, que les sourires étaient de sortie et qu'elles riaient sérieusement.

Pour ne pas pleurer.



29/07/2015
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