BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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47 - EN VIE, ENVIES....

Il y a les grises mines, les râleurs, les tristes, ceux des regrets.

Il y a les "trémolistes", les handicapés du sourire, les caricatures des jours sombres.

Il y a les "je le savais", les inévitables, les imparables, les fatalistes, les coincés du cœur.

Il y a  les regards en dessous, les yeux éteints, la peau blafarde et le geste désabusé de ceux qui ne sont pas aimés.

Il y a les matamores du verbe, du tout pour le verbe, de ces espadons des mers chaudes qui s'étonnent de tourner en rond, seuls, une fois les lumières éteintes.

Oui, tout ce monde du ressentiment et pas des sentiments, tous ces viscères qui se bousculent les uns dans les autres pour se donner l'impression, juste l'impression, de passer un moment de vie alors qu'il suffirait de lever les yeux pour agrandir et élever  sa vie.

Et de voir les soleils.

Tous les soleils du monde.

Il suffirait que l'envie, la belle envie, la grande envie, soit présente, omniprésente, obsédante, entêtante, envie permanente de diriger son regard vers ces lignes d'horizon si proches, à toucher des doigts et qui ne demandent qu'à être apprivoisées, caressées et découvertes.

Vous savez, ces lignes imaginées, ces lignes rêvées, avant, quand nous étions des gosses.

 

Voir !

Voir la beauté, le désir, un réveil du jour, un baiser d'amoureux sur un banc de rue un jour de printemps, le cri d'un gosse au ballon, le bruit de l'air dans des branches qui verdissent. Enfin, que sais-je ? Ayons des envies, juste des envies douces et qui, si nous sommes à l'écoute, nous submergeront.

Ayons surtout l'envie d'être ce que nous avons  toujours rêvé d'être sans jamais nous contenter de ne vivre que le quotidien que nous rendons mortifère par nos renoncements.

Odeur du pain, du murmure d'une femme, café amer, ombre de cathédrale la nuit aux heures chaudes, cyprès de cimetière, jupe légère, musique dans la tête et livre sous les yeux, fragrance d'un parfum, d'un fraisier, d'une clairière au matin ou, tout simplement, souvenirs de nous-même ou du concerto, du livre, de la peinture que nous allons créer car nous nous promettions, tout gosses, de le faire.

Respirer la vie qui n'est que le père Noël de notre enfance, le mirage qui nous attire et nous fait rêver.

Notre enfance ?

Là au fond est la vraie césure, le dérapage vers l'inconnu et le début des abandons.

Les enfants ne vieillissent pas, ils meurent toujours trop vite.

Alors ayons ce courage d'être ce qu'enfants nous rêvions d'être, ne faiblissons pas, ne capitulons pas devant ceux qui nous maintiennent, nous formatent, nous guident vers notre mort qu'ils ont voulue quelconque au bout du bout de notre ennui et de nos espérances.

Vibrez, jouissez, admirez, ne loupez pas les trains qui passent quitte à vous casser la gueule, abîmez-vous, ayez des contusions, des blessures, des échardes mais gardez les envies de vos dix ans.

Vous savez, la seule vraie beauté quand toutes les beautés ont fui c'est celle des yeux qui cherchent encore et encore à vivre les rêves enfouis.

C'est en cela que la vie est autre chose qu'un mensonge qui se répète mais un cadeau, généreux présent qui n'a pas d'avenir.

 Alors, comme le gamin que j'étais et qui fut souvent pris le doigt dans la confiture, chaque matin j'ouvre des yeux étonnés lorsque, claquant toutes mes  portes, je pars à l'aventure avec dans mon crâne ces images qui me poursuivent et qui m'ensorcellent .

La plus noble des envies c'est bien de vivre sa vie imaginaire, de la parcourir et de la partager plutôt que d'imaginer ce qu'elle aurait pu être si...



01/09/2015
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