BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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8 - UNE NOUVELLE FEMME

Quand on rencontre ce genre de femme dont je vais vous parler on ne peut-être que bluffé, étonné mais, en même temps,  on a la confirmation pour les homo sapiens de mon espèce que, décidément nous les hommes, les durs, les chefs, enfin quoi ceux qui ont du poil au menton et des montgolfières dans le caleçon, nous sommes bien petits voire lilliputiens devant l'énergie et le courage de changer de vie qu'ont nos compagnes en jupes, soutiens gorge et culottes.

Enfin quoi, dans leur armure dite séductrice et qui au fond les rend si déterminées elles sont à raison persuadées que le bonheur, s'il se partage,  ne se disloque pas dans des renoncements qui l'affadissent avant de le tuer.

 

Voici justement l'une d'entre elles jusque là bien dans sa vie même si, justement, sa vie allait moins bien.

Oh ! Je veux dire par là que quarante ans de "compagnonnage", des enfants et petits enfants qui filent et défilent, les questions que toute femme se pose quand justement l'homme dépose les armes, le regard porté sur des rêves de princesse pas toujours réalisés, des princes charmants eux-mêmes devenus au bout du compte en panne de charme font que, malgré l'aisance, malgré les "liens tissés" au fil du temps, vous savez ces liens brandis comme des boucliers, le regard devient acéré, l'esprit s'évade, le corps se révolte devant l'affaissement de l'autre, affaissement aussi bien moral que physique quand on sait que les deux vont souvent de pair.

Et là surgit un fait, une déception plus lourde que les autres, une désillusion supplémentaire quand ce n'est pas une saloperie cachée  qui transforme la "compagne" de gentille-douce qu'elle semblait être en chef de bataille âpre et pugnace, tendue à retrouver et sa vie voulue et son bonheur perdu.

 

Car il s'agit bien d'une bataille quand à soixante ans on balance ses affaires par la fenêtre.

 

Le doute, les doutes sur tout.

Le physique, les choix, les autres, la solitude, l'avenir, les hommes, l'âge, les enfants et j'en passe, j'en passe tant qu'il ne lui reste que quelques personnes, quelques amis qui lui tirent leurs chapeaux et qui sont les premiers à lui dire qu'elle est belle, qu'elle n'a jamais été aussi belle depuis que, contre tout et contre tous, elle a décidé de vivre ses rêves.

Oui, mais ces rêves sont accompagnés de la défiance car après avoir tout donné pendant tant d'années la confiance est à son niveau d'étiage et reprendre la mer dans de telles conditions parait insurmontable.

Alors, tout doucement, mais vraiment tout doucement elle entend une voix qui la rassure, la conforte et la guide. Cette voix c'est celle de la petite fille qu'elle était et qu'elle retrouve, inchangée, vivante et tenace. Elle lui dit qu'elle a eu raison, que ce n'était plus elle et qu'elle est heureuse de dialoguer à nouveau avec son amie.

Et, plus tard, naturellement, comme une évidence, cette femme retrouvée, se met à sa table pour écrire une lettre. Hésitante, timide elle ose écrire à nouveau des mots depuis si longtemps oubliés. Elle se forge un double, comme un alter ego, un inconnu qu'elle cherche  et à qui elle ose enfin dire, ce dont elle avait toujours rêvé, des mots d'un autre temps, des mots d'avant, des mots oubliés.

Des mots d'amour.

 



31/07/2014
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