BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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89 - LA FIN D'UN MYTHE...OU D'UN MONDE

On y va, tout doucement on y va.

D'une façon inexorable, irrévocable on y va.

D'ailleurs, on est déjà dans le grand chambardement.

 

Môme, je rêvais !

Plus tard, je rêvais encore.

En fait, j'ai toujours imaginé que je m'inscrivais dans un lent processus, une sorte de saga qui faisait de ma vie le prolongement d'autres vies aimées, et qu'à travers mes rencontres, mes heurts, mes joies et d'autres petites choses encore, je participais avec ma pierre à construire pour d'autres, celles et ceux qui viendraient après, une sorte de monde que je qualifierais sinon de "meilleur", du moins d'attirant.

Or, depuis pas mal d'années déjà, c'est à un effondrement que j'assiste.

 

Je me souviens de certaines valeurs qui prévalaient, je me souviens de la façon d'aimer, de séduire une femme, de l'éducation, des rapports entre les générations, je me souviens de l'honneur du travail, du bonheur des vacances, des odeurs des rues quand, le jour arrivant, elles débordaient des senteurs des boutiques qui levaient leurs rideaux de fer. Je me souviens de petits métiers, de petites gens, de gens qui bossaient et ne cherchaient qu'à progresser, qu'à se réunir le dimanche parce que le dimanche était jour de repos. 

En fait, je me souviens d'un monde qui a disparu.

Aujourd'hui c'est la course aux RTT, aux loisirs, aux amours rapides, aux cours accélérés, aux métiers planqués, aux jugements abrupts, à la frime et aux avis tranchés. C'est la débâcle de l'humain, l'arrivée des Panurges, les moutons qui ne quittent pas les infos, médias gouverneurs, médias directeurs, médias manipulant parce que  manipulés.

Aujourd'hui c'est le royaume des fonctionnaires, oh pas les infirmières, ni les flics, ni quelques autres encore malmenés par des masses jalouses qui ne voient que leurs "droits" mais les ronds-de-cuir heureux des bureaux climatisés, des collectivités gigantesques, des petits censeurs placés aux croisements stratégiques, la pendule bien posée sur le mur, face à eux.

Aujourd'hui, ce sont les syndicats qui cherchent le moyen de gagner plus sans rien foutre, ce sont de petits hommes qui pérorent dans des tribunes d'Etat, payés par l'Etat, pour le compte de l'Etat, sous le contrôle de l'Etat, en espérant monter dans la hiérarchie de l'Etat.

Et puis débarquent de pauvres gens, par milliers, par millions, des affamés, des torturés avec au milieu des vendus, des tueurs, des religieux, des profiteurs, submergeant ce monde qu'ils refont d'une façon tribale parce que, au fond, c'est leur seule famille.

Alors la religion devient lumière et toujours, toujours, il y a derrière des manipulations, des conspirations, des oppositions au milieu de notre mode de vie devenu "béni oui-oui" acceptant, refusant, volonté permissive ou fermée au milieu d'imprécateurs barbus dans des mosquées de quartiers tristes.

 

Je ne suis pas dans le souvenir du passé.

Je ne suis pas dans son regret.

Constater ce qui est par rapport à ce qui était et se rendre compte que mes valeurs, mes valeurs fondamentales ne trouvent plus leurs places moi, l'athée qui ai tant aimé la beauté des cathédrales ou des petites chapelles de campagne, rasées pour cause d'urbanisme, moi, le rêveur marchant, ivre des yeux des femmes et qui n'en reviens pas de cette foire au bétail qu'est devenu notre monde, moi le gosse vieilli, curieux, joueur et dérouté que les rêves du monde ne se résument qu'à tout faire vite, très vite avant que l'objet, le sujet, la nouveauté ne devienne obsolète avant d'avoir vécu.

"Est-ce ainsi que les hommes vivent, disait Aragon, et leurs baisers au loin les suivent" ajoutait-il... Oui, dans le souvenir de ce qu'ils auraient pu être et ne seront plus jamais.

J'ai voulu, comme un dernier appel, comme une dernière chance, lancer un groupe sur FaceBook pour tenter de regrouper des bonnes volontés. Ce fut désarmant de voyeurisme, juste de voyeurisme par le nombre affiché, mais les engagements ne venaient que de quelques-uns, essentiellement des femmes, toujours des femmes, seules au fond à oser.

Alors, de rage mais aussi fatigué, je l'ai sabordé.

Nous assistons à un crash d'où nous ne sortirons pas indemnes.

Je crois que je vieillis et le doute qui m'a toujours habité devient de plus en plus certitude.

C'est le signe, n'est-ce pas, qu'il vaut mieux que je ferme ma gueule et que je retourne à mes chères écritures.



23/09/2016
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