BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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38 -L'ENDORMISSEMENT

Par cette note relativement courte je voulais vous prévenir que je prenais la totalité de mes RTT.

Allez, je vous entends, vous ricanez n'est-ce pas ? Vous vous dites que je suis devenu fou plus rapidement que prévu, ou bien que j'avais saucissonné.

Mais non ! Chichonné ! C'est bien comme cela que l'on dit, non ?

Ah ! je ne vous raconte pas ces anciens soixante-huitards ! Tout justes bons à faire la queue à la mairie pour reconnaître leurs gosses empilés dans leurs tipis communautaires ! 

Allons, allons, soyons sérieux voulez-vous, un peu de bon sens. Je ne suis qu'un aligneur de mots, un guitariste de la phrase, un imaginatif pas encore sclérosé et, pour être franc, inspiré par les faits et gestes de nos contemporains, je suis celui qui ouvre la fenêtre pour renouveler l'air.

J'écris, cela vous le saviez déjà.

Mais pour plonger dans mes histoires j'ai besoin de rentrer dans ma coquille. En fait quand je vis une passion je deviens égoïste et même, voyez-vous, je défends ma porte mieux qu'un Cerbère au seuil de l'enfer. Que voulez-vous, la passion est le moteur qui manque à tant de gens qu'en avoir encore en réserve pour mille ans me rend invincible.

Et  commencer un nouveau roman me file à chaque fois un coup au cœur. La passion vous dis-je, la passion comme celle des gamins de dix-sept ans quand, se baladant sur le mail, ils trouvent "des tilleuls verts sur la promenade". Bon, on se calme, ce n'est pas de moi mais de Rimbaud qui savait de quoi il parlait à force d'aimer à contre-sens.

J'ai trouvé ma Femme, mon héroïne, ma catin et ma princesse, celle qui va dérouler sous mes yeux ces phrases qui vont si bien m'emporter que je ne vais faire que suivre en ajoutant la ponctuation.

Pardon ?

Ah ! Vous ne l'aviez pas remarqué ?

Eh oui ! Dans chacun de mes romans, c'est une femme qui dirige, c'est un femme qui se détaille, effeuillant sa vie comme d'autres leurs regrets, oui c'est toujours une femme qui emporte mes doigts sur le clavier de mon ordinateur. D'ailleurs, c'est bien simple, je ne "tape" pas, je caresse.

Ainsi, l'histoire est là, dans ma tête, toute prête. Je n'attends plus que les rebondissements, les foucades, les désirs et les haines que mon héroïne va me demander d'écrire.

Et pour cela j'ai besoin de rentrer en conclave avec moi-même. Que voulez-vous, elle ne supporte pas le "pluralisme" et j'en suis fort aise puisqu'elle  donne à moi seul et sans partage la fleur de ses rêves dans le secret de ma tête.

Seuls Dali et Voltaire - enfin les bustes s'entend - seront présents, posés sur mon bureau. Un peu plus loin Camus, mon Camus, révolté, vivant, aimant, habillé de ses couvertures de cuir, quelques grigris, des photos, des plumes de tourterelles, des bouquins, plein de bouquins, quelques santons, vieux santons, si vieux santons, Mozart pas trop loin pour le repos de mes mains et de mes yeux, des crayons à papier pour des notes, des idées, fugaces et qui se télescopent tout le temps dans mon crâne abimé de tant de vies.

Et Elle et moi.

Pour un bon bout de chemin.

Alors oui je déserte mon blog pendant quelques semaines pour accoucher du cœur de mon ouvrage.

Je vous laisse n'alimentant ce site que de temps en temps, beaucoup plus rarement. Je viendrai un peu pour me venger quand, comme toutes les femmes, elle en arrivera à me bouder parce que, justement, je ne l'aurai pas assez aimée comme elle aurait voulu l'être.

C'est à dire avec exclusivité.

Je vais endormir nos échanges et, comme la Princesse au bois dormant,  attendre qu'elle me réveille d'un baiser de fin.

Et là, je reviendrai vers vous croyant avoir rêvé.

En attendant, à vous tous qui me lisez, pendant mon absence ne soyez pas sages, vivez jusqu'à plus soif et fredonnez cet air du Boléro qui, à lui seul, symbolise tant à mes yeux la vie, l'amour et la mort.

Toute une histoire n'est-ce pas ?



16/04/2015
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