BLOG D'ANAÏS par Gérard CABANE

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34 - LA TAMBOUILLE DES SALONS LITTERAIRES

Comme vous l'avez lu par ailleurs, je viens de faire une séance de dédicaces avant celle de Paris porte de Versailles à la fin de cette semaine.

J'étais seul à celle-ci et c'est largement ce que je préfère. Pour être plus précis j'ai eu pas mal de monde, des gens curieux mais aussi, sur la fin alors que je commençais à regarder ma montre, des lecteurs et lectrices qui venaient spécialement acheter mon dernier ouvrage.

Plutôt des lectrices  précise t-il d'ailleurs cet animal dans un sourire d'ange !!!

Mais ce n'est pas de moi dont je veux vous parler ici mais d'autres auteurs quand il m'arrive de faire des signatures à plusieurs.

Alors, si vous le voulez bien, entrez avec moi dans l'arrière cuisine d'un salon littéraire.

Il y a d'abord des organisateurs qui se démènent, qui cherchent les sponsors, l'argent, les bonnes plumes. Certains font ça pour réveiller une ville ou un village et là vous avez souvent de tout, de la cuisine du terroir, aux polars d'occasion, des chemins de randonnées à l'art et la manière d'accommoder une véranda.,  J'ai appris à fuir ce genre de manifestation, non pas par snobisme évidemment mais par confort. Que voulez-vous, je suis fainéant et à discuter autant le faire avec des personnes éclairées et pas pour passer la journée.

D'autres se lancent par passion.

Ce fut notamment le cas au dernier salon auquel j'ai participé et qui était organisé par Aix en Livres sous l'égide d'une femme fort intelligente et innovatrice et, ce qui ne gâchait rien de surcroît, belle et sympathique. Comme quoi, les rates de bibliothèque ne sont plus ce qu'elles étaient mon bon monsieur !

Evidemment, ce genre de salon est une sorte de caviar comparé à ceux cités plus haut.

Mais partout, dans tous, vous retrouvez les bonimenteurs.

Alors ceux-là il faut les fuir car non seulement ils sont légion mais de plus ils prolifèrent se reproduisant plus vite que les oubliés du prix Goncourt ce qui n'est pas peu dire pour autant, bien sûr, que le Goncourt veuille encore dire quelque chose !

Ils arrivent avec importance, râlant sur la disposition de leur table, réclamant quelques faveurs, étalant leurs livres comme d'autres le Saint Suaire, cherchant un verre d'eau, un café enfin quoi quelque chose qui puisse désaltérer plus tard leurs gosiers asséchés par leurs logorrhées vaseuses. Et si par hasard un photographe se pointe c'est le grand déballage de sourires , d'œillades et de poses à la Néron, le feu sacré en moins.

Puis quand le public arrive commence le grand soir.

Alors là chers lecteurs, planquez-vous, faites comme si vous étiez là par hasard, dans l'attente d'un rendez-vous en somme parce que, dans le cas contraire, vous allez être alpagués, agrippés, torturés jusqu'à ce que, d'épuisement et un œil sur la sortie vous achetiez un livre que vous cacherez de honte sur la dernière étagère de la bibliothèque, vous savez celle qui est planquée dans vos toilettes !

Vous l'avez compris, je ne supporte pas ces camelots du livre, ces "auteurs" qui polluent par leurs "livres" les libraires et librairies, ces narrateurs du ver dans la tête et qui  font des méli-mélo avec trois phrases six sous.

Malheureusement j'en vois de plus en plus.

En fait je les sens, je les devine et quand par malheur l'un ou l'une - souvent "l'une" j'en conviens - se trouve dans mon environnement, je me renferme comme une huitre gardant mes perles pour moi tout seul. Bien sûr quelques passionnés résistent et laissent l'impétrant s'empêtrer. Puis, dans un sourire, achètent le livre d'à côté, puis un autre encore avant de repasser, l'œil en coin et l'au revoir aux lèvres devant cette baratineuse de foire qui ne voit rien et n'entend rien, tout empressée qu'elle est à pêcher un autre poisson qui baille la bouche ouverte et le regard perdu.

Ainsi vous comprenez mes amis pourquoi je fais si peu de dédicaces, vous comprenez pourquoi, sortant de mes songes et de mes rêves, je me sens comme un australopithèque débarquant de son Gondwana disparu et qui atterrit chez ces Shadoks intemporels.

Mais si, les Shadoks, rappelez-vous ces oiseaux qui pompent et pompent toujours jusqu'à la fin des temps ....

 



16/03/2015
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